Olympe de Gouges

Crédits : Alexander Kucharsky (1741 – 1819)
Portrait d'Olympe de Gouges (1748–1793)

 

Née il y a 270 ans, en 1748, disparue en 1793, guillotinée sous la Terreur, pour s’en être prise à Robespierre, Olympe de Gouges s’appelait d’abord Marie Gouze. C’est elle qui choisit de prendre le second prénom de sa mère, Olympe, et de jouer sur son patronyme… manière de se créer un nom, de se préparer à jouer un rôle et à prendre la parole d’une certaine place…

Avant le rôle politique, Olympe de Gouges a d’abord pris la parole et place sur une scène de théâtre, à l’image, en cela, d’un XVIIIème siècle passionné autant de politique que de théâtre. Auteure d’une quinzaine de pièces, on retrouve dans celles-ci, un engagement politique, et inversement, ses écrits politiques (il y en a au moins une cinquantaine) sont marqués par le théâtre : la scène devient une tribune, et la politique une scène de théâtre où les arguments, les débats et les oppositions sont mis en scène.

Citons à cet égard : sa pièce Zamore et Mirza, ou l’heureux naufrage dans laquelle elle dénonce l’esclavage, le Philosophe corrigé, pièce qu’elle préface d’un autoportrait où elle clame avec sincérité, moins ce qu’elle est, que l’honnêteté de ses engagements, et puis, la pièce Molière chez Ninon qui marque son désir d’être entendue comme auteure et grande voix de l’Histoire…

On voit bien, encore une fois, que c’est moins l’identité de la voix qui compte pour Olympe de Gouges, que sa portée : comme elle le dit au début de ce texte écrit en mai 1789, Le cri du sage, par une femme : « Il est temps d’élever la voix », employant souvent d’ailleurs ce terme de « cri » (on le retrouve dans son texte Le cri de l’innocence). Mais crier pour dire quoi ?

Crier pour dire quoi et prendre la parole pour être entendu par qui ? Telles sont les deux questions qui restent avec Olympe de Gouges : elle s’est inventée un nom et elle s’est inventée par la parole. Elle a ainsi voulu exister dans l’espace public, d’abord et avant tout… De cette scène publique et historique, elle a ensuite été éclipsée, marginalisée, elle reprend vie aujourd’hui, grâce aux mouvements féministes, à ce genre de biographie qui lui redonnent un nom, mais grâce aussi à sa propre voix qu’elle a forgée. 

 

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